Mécèn'Arts : association de solidarité des arts plastiques et visuels

dimanche 14 février 2010

Appel à signature : soutien à l'art et à la culture en France

Avis aux convaincus de l'efficacité des pétitions de soutien à l'art et à la culture en France. Pour signer cet appel relayé par le magazine HorsChamps, c'est ici. Mécèn'Arts n'est pas en accord avec certains raccourcis discutables de ce texte. Mais, conscient de la nécessité des débats (surtout suivis d'actions), nous livrons à votre esprit critique quelques extraits choisis (merci au plasticien Pierre Thorelle pour son info) :

"Impossible absence"
 L’absence actuelle de vrai débat public sur la place de l’art et de la culture dans notre société est un symptôme historique extrêmement inquiétant. Elle annonce, pour la première fois depuis la Libération, le risque d’abandon d’une part fondamentale de l’histoire de notre pays.



Une part de notre histoire dont est issue la valeur accordée aux choses de l’esprit, à travers notre littérature, notre théâtre, les arts et leur circulation, dans la vision du monde que nous partageons et la place que nous avons su leur donner dans notre vie réelle. Cette absence fait planer la menace d’une défaite devant l’invasion délétère de l’esprit marchand imposée par ce que l’on nomme « globalisation ».

Les politiques qui refusent l’ordre néolibéral doivent le comprendre : non seulement la culture - au sens le plus large du mot -, est un enjeu fondamental de civilisation, mais c’est aussi pour eux un atout politique majeur.

Comme le dit le grand dramaturge Edward Bond, « que nous resterait-il aujourd’hui des Grecs s’ils ne nous avaient laissé une philosophie, un théâtre, une mythologie, des temples, des statues ? » Autrement dit un immense arrière-plan artistique et culturel créé à partir d’outils symboliques : une langue, des codes, des signes qui nous relient à une mémoire commune, à une volonté d’être ensemble et de rencontrer l’autre, de se frotter à l’inconnu, qui nous constituent en tant qu’êtres pensant, rêvant, imaginant, désirant, créant, construisant l’improbable avenir.

[...]
Deux événements peu commentés, font figure de symptôme.
Au moment précis où plusieurs études alertent sur la désaffection de la lecture parmi les jeunes Français, la direction du Livre du Ministère a été supprimée l’automne dernier ; celles du théâtre, de la musique, de la danse et des arts plastiques ont depuis subi le même sort.
[...]
On peut craindre que l’art ne soit plus la priorité de ce ministère...

La même rationalité économique a présidé aux débats du Forum d’Avignon : « économie et culture », présenté comme un « Davos de la culture ». Le symbole est fort. Au moment où la « crise » prouve l’inanité des dogmes néolibéraux qui dominent l’Europe, la culture devient l’ultime nappe phréatique où puiser, au service d’intérêts qui lui sont totalement étrangers.

[...]
À leur échelle, de nombreuses collectivités territoriales, avec des politiques qui prennent en compte différents niveaux de l’action artistique et culturelle et pallient les désengagements de l’État, tentent de résister à ce rouleau-compresseur. Comment pourront-elles agir demain, face à un gouvernement qui risque de les priver de toute marge de manœuvre en leur déniant la compétence culturelle ?

Il est temps de l’affirmer : nous avons ici des valeurs essentielles à défendre et à promouvoir. Ces valeurs, ne doivent pas, sous peine d’effacement, se soumettre à la tyrannie du chiffre. Voici un débat public qui mérite vraiment d’être ouvert !"

4 commentaires:

  1. Accuser "les politiques" (tous dans le même sac comme s'il étaient pensée unique) de ne rien faire est tentant mais abusif...

    Mais d'accord avec Mecenart : le débat mérite d'être encore relancé et nourrir des actions concrètes !
    Jean-Yves - Curateur

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  2. Hervé Courtaigne (amateur et collectionneur)14 février 2010 à 12:05

    Le désengagement de l'état est un fait, certainement discutable,et on en discute.

    Mais la nature de son engagement n'était pas moins discutable.

    Servilité des conservateurs, habileté de certains tels Buren à faire prospérer leur juteux statut d'artiste quasi-officiel, Combien de fonctionnaires peu utiles au ministère de la culture et combien d'artistes vivant d'expédients, souvent bien au-dessous du SMIC?

    Copinage, combinazione, conformismes voire uniformisme, et opérations médiatico-politiques sont les corollaires souvent minimisés du soutien de l'état à la culture.

    Vue rétrospectivement, la politique d'achat de telle instituion majeure se révèle une véritable catastrophe "pleine de trous".

    On peut plaider pour un rythme d'évolution acceptable, mais moins d'état peut aussi signifier plus de reconnaissnce du mérite et du courage.

    Hervé Courtaigne (amateur et collectionneur)
    Rua Dos Duques de Bragança, Um (1)
    1200 - 182 LISBOA PORTUGAL
    Tél: (+351) 213 465 360
    Mov: (+351) 913 720 555

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  3. il est clair que l'art en général, c'est-à-dire pour moi celui qui permet à tout individu de s'exprimer, de transmettre à l'autre une valeur qui lui est sienne et fait partie de son histoire, cet art ne peut disparaître sans menace très forte sur l'individu.
    Sa disparition entraînerait celle de la diversité et l'apparition de l'unicité de l'apparence, du comportement et des sentiments de chacun.
    Il est évident que la situation dans laquelle sont confrontés de trop nombreux artistes n'est pas tenable; la précarité dans laquelle on les tient empêche toute expression spontanée, même si, il en est toujours ainsi, au contraire, pour certains, une faible minorité, ces épreuves les transcendent...

    Ce qui vient de se passer à l'école des beaux arts est symptomatique: pour ne pas déplaire à un roi(telet) napoléonien, qui, je suis prêt à le parier, n'a rien demandé, la direction de cet étendard de notre culture a voulu retirer œuvre d'une de ses artistes étudiante.
    Bien sûr, œuvre pouvait être contestable (ici, j'aurai un problème de définition de la dite œuvre; mais ce n'est pas le sujet); mais ce n'est pas une raison...
    D'ailleurs, dans ces écoles, chacun sait que la censure commence au désir d'appartenir à un groupe, de plaire au professeur se prenant trop souvent pour un gourou.
    J'observe, par ailleurs, la difficulté de faire des expositions où, à défaut d'être porteur sur le système marchand, aucune issue n'est possible.
    Les régions, les communes, et certaines entreprises font des efforts; mais ils sont nécessairement limités, au budget, certes, mais aussi au propre avis du responsable des lieux ou copinage...
    Ce n'est qu'au niveau national, puis relayer sur le territoire par des instances bien définies, que l'artiste pourra s'exprimer librement et l'art se pérenniser en s'enrichissant.
    Ceci dit, pour la mémoire, la reconnaissance d'un certain art grec, combine de cultures artistique n'ont-elles pas été sacrifiées sur l'autel de l'artistiquement correct?"

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  4. Monsieur Courtaigne se trompe. Cet appel est très juste au contraire.

    La question fondamentale c'est que, pour être un véritable outil de société, l'art doit rester la responsabilité de l'ensemble de la collectivité et ne doit surtout pas se retrouver livré aux caprices de mécènes. L'art et la culture appartiennent à l'ordre du symbolique, ils ne doivent pas être soumis au système marchand.

    D'ailleurs tous ceux qui sont un peu au courant savent bien que le système américain n'a pas produit grand chose en matière d'arts vivants et que les plus grands artistes de théâtre et de danse nord-américains doivent en grande partie leurs carrières internationales aux services publics culturels français.

    Cet appel est très juste, il faut le soutenir !

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