Portrait nouvel adhérent : Guy Gresser (numéricien)

Couleurs agrumes, 75 x 50 cm

Guy Gresser, adhérent à la Maison des artistes, se présente comme artiste peintre numéricien. Les arts numériques devant faire un effort d'intelligibilité, il explicite...naturellement : "Numéricien est la contraction de numérique et de plasticien. L’artiste peintre numéricien n’est ni un infographe, ni un informaticien, ni un photographe : il peint sur une toile informatique, compose, esquisse, procède à des mélanges de couleurs comme un peintre classique sur sa toile."

Dès son plus jeune âge, Guy présentait des TAC "troubles artistiques du comportement" : "Cette passion débuta dès l’âge de 7 ans, mes cahiers d’école étaient remplis de dessins. Au grand désarroi de mes maîtres d’école et de mes parents, ils durent sévir et m’interdisaient de dessiner. C’était plus fort que moi, je dessinais en cachette..." (à classer parmi ces délinquants précoces qu'un président souhaite détecter ?).

Turbulence, 80 x 120 cm 

Depuis, il a fait des études artistique (Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg) et informatiques : "En 2000, j’ai eu l’occasion de pouvoir effectuer une formation en informatique, laquelle m’a permis de franchir un tournant décisif sans précédant dans mon activité de peintre. J’ai troqué mes pinceaux et les couteaux pour la souris, et le stylet magnétique."

Cependant, en manque de reconnaissance, le chemin digital va être long avant de faire comprendre que cet art n'est pas virtuel : "La pratique de la peinture numérique est quasiment inconnue en France (là aussi on a du retard). Le chemin est difficile, les mondes artistiques et administratifs sont encore hostiles à cette technique. D’après eux «  il faut que l’œuvre soit faite avec la main de l’artiste » et que le numérique en est exclu. Il faudra me démontrer que la souris ou le stylet se déplace tout seul ! L’art évolue avec l’outil et la technologie. Au début l’homme se servait de ses mains pour fixer ses sentiments et ainsi décorer les cavernes. A l’apparition du silex, il commença à graver, à sculpter...Nous sommes en plein dans l’ère électro magnétique. La suite logique de l’art est numérique." Mais il admet que les réactions de son public sont mitigées. C'est pourquoi il aimerait faire une expo dédiée à la mise en valeur de cet art binaire et pas mineur.

Activité rentable ou pas, c'est sa passion : "Je vis pour peindre, je ne peints pas pour vivre ! Nuance. Doit-on rechercher la rentabilité dans une passion ? Deux notions contradictoires. Il va de soit que l’on recherche à minimiser les frais."

Sa prochaine exposition avec 3 tableaux aura lieu cette semaine à Belfort dans le cadre d'"Échecs et Arts 2.0" Il montrera aussi son système de panneaux d’expos faciles à transporter avec un système d’éclairage approprié à piles rechargeables. Mobile, cette confection personnelle lui permet d'exposer n’importe où. "En général les espaces que l’on nous propose ne sont pas prévus pour ce genre de manifestation. Pire, un éclairage inadapté, des projecteurs halogènes écrasent les couleurs. Les organisateurs ne peuvent pas contenter tous les artistes. Pour éviter les surprises, l’artiste doit avoir son propre matériel d’expo. Il doit assumer et s’assumer." En tant qu'organisateur, on ne peut qu'adhérer à cet état d'esprit, autonome. Si chaque artiste peu s'en donner les moyens et si le choix du dispositif ne réduise pas l'esthétique ou l'harmonie du lieu.